Il était une soie…

20 mai 2021 0 Par Vivi et Eric

2014-06-28 06:58:32    

Nous avions déjà pu apprécier les étoles de soie et autres cotons sur les étales de marché, dans les petites échoppes des cités historiques, et Vivi avait même pu s’essayer au tissage de tapis de soie à Khiva… Mais ce jour là, dans la vallée du Ferghana, à Margilan pour être plus précis, nous avons eu l’opportunité de visiter l’une des meilleures Silk Factory d’Ouzbékistan nommée Yodgorlik. Nous sommes accompagnés par le jeune guide, ainsi que par 5 de ses camarades avec qui il a étudié : ils réalisent un petit film sur l’usine comme projet de fin d’études, et nous en serons les acteurs principaux… Cette usine existe depuis 1975 et produit des étoles de soie selon les méthodes ancestrales.

Création du fil de soie

Après la visite des différents ateliers, nous arrivons à entrer dans l’antre de Alixmen ! De qui ? Alixmen est un styliste qui créé des vêtements à partir des étoles de soie et coton qui sortent de l’usine. Au moment de notre passage, a priori, il préparait un défilé pour la fashion week de Moscou. Quelques infos : 180 personnes travaillent dans le workshop 2 ans pour faire le tapis en soie le plus complexe (2mx5m), à raison de 1 cm par jour.

Tissage de tapis de soie – Commande d’un tapis de soie par un Émir des pays du golfe

1 cocon produit entre 1 et 6 km de fil de soie. 26 de ces fils sont regroupés pour n’en former qu’un. C’est ce dernier fil qui est utilisé pour la conception. L’usine produit 6000 m de tissu par mois. Les vers sont nourris dans des petits arbres dans la vallée de Ferghana entre autres (une partie est également importée), puis une fois le cocon terminé, celui-ci est ramassé, et le vers à l’intérieur est tué avant de devenir papillon et de ruiner cette belle soie…. La légende raconte qu’à l’origine, les cocons était ramassés pour être mangés, les vers y séjournant étant plein de bonnes choses… Un jour que le futur inventeur de la soie était en train de déguster ces fameux vers, accompagnés d’un bon petit thé, il fit tomber le cocon dedans. En essayant de l’enlever, il s’aperçut que les petits fils de soie, en principe très friables, se détachaient très facilement du cocon et était devenus bien plus solides. De là seraient nés dans son esprit les premiers fils de soie… De cette fabrique sortent des tissus 100% soie ou en satin de soie comme les atlas, mais aussi un mélange de coton-soie nommé adras, puisque l’Ouzbékistan regorge de coton.

Tissage ikat
Etoles de soie adras et atlas – Yodgorlik et Boukhara

Une autre légende raconte qu’il y a plusieurs siècles, le gouverneur de Margilan, le Khan, voulait épouser la jeune fille d’un tisserand. Le père, ne souhaitant pas lui laisser sa fille, obtint du Khan le marché suivant : il devrait créer quelque chose d’exceptionnel pour celui-ci. Ne sachant que fabriquer, le tisserand se rendit sur la rive d’Aryk. C’est ici qu’il vit le reflet des nuages et du soleil dans l’eau et dessina alors ces motifs sur un tissu. Il expliqua au Khan qu’il avait mélangé les couleurs du soleil, des feuilles, des fleurs, du ciel avec la brillance des yeux de sa fille. Le Khan, satisfait de cette création nommée « Khan atlas » (soie khan), laissa la fille du tisserand en mariage à un jeune homme. L’Ouzbékistan propose une multitude d’artisanats qui sont très représentés dans tous les bazars et autres échoppes des cités historiques. La soie en est un et tient une place importante. Remarque : d’après notre jeune guide, il ne sortirait de l’usine que du hand made… Mouais… Il nous a quand même bien semblé entendre des grosses machines dans ce gros hangar au fond de la cour…

Marché de la soie Bazar de Ferghana